Depuis le 1er janvier, Olivier Peslier n’a monté que 11 fois en France. Un début de saison morose qui amène le jockey à se questionner sur son avenir proche. Le plaisir et l’envie de monter sont toujours là, mais les opportunités se font rares.
ParisTurf : La saison est lancée et vous êtes très peu sollicité. Est-ce un choix de votre part ?
Olivier Peslier : Absolument pas. J’ai quelques opportunités dans le Sud-Ouest, mais pas grand-chose. Même le matin, je ne monte pas à l’entraînement. On m’a rapporté que plusieurs entraîneurs pensent que je ne suis plus motivé. Mais ce n’est pas le cas. J’ai besoin de travailler et j’aime ça aussi. Rester sans rien faire et toucher le RSA ou le chômage, ce n’est vraiment pas mon style.

Il se peut que les entraîneurs soient rebutés par ce bruit qui suggère que vous prendrez votre retraite une fois votre 3 000e victoire en France acquise.
Franchement, j’ai remporté plus de 3 700 courses à travers le monde. Avoir 2 994, 3 000 ou 3 050 victoires en France, ça ne changera rien. Je pense que l’analyse de ma carrière ne se limitera pas à un chiffre de ce genre, aussi symbolique soit-il. Alors ce bruit, il est peu fondé. L’année dernière déjà, je n’ai presque pas monté. Pourtant, j’avais annoncé que j’avais toujours l’énergie, que j’étais prêt à me déplacer à Paris, à Deauville et sur tous les champs de courses que je connais bien. Il n’était pas question de mettre fin à ma carrière et malgré cela, personne ne m’a appelé.
Vous arrivez à vous projeter au-delà des prochains mois ?
Pour être honnête, j’ai Laris, le cheval qui m’a apporté mes deux victoires cette année, qui court dans un quinté dans 3 semaines. Je sais que je vais le monter. Mais au-delà de cette course, c’est l’inconnu… J’ai aussi des arabes qui vont courir à La Teste mais sincèrement, je ne vois pas plus loin que ça.
Laris, c’est votre avocat actuellement. Le cheval qui plaide en votre faveur.
Je m’entends bien avec lui. C’est un cheval dont beaucoup d’observateurs disaient qu’il était difficile à contrôler en course, mais avec moi, ce n’est pas le cas. Il est calme. Je savais que ça se passerait comme ça et je l’avais même prédit à Damien (de Watrigant). Je lui avais dit qu’on gagnerait. Eh bien, on en a gagné deux. Ce sont des “petites courses”, mais je me suis fait plaisir et ça dépasse le simple fait de toucher un chèque. Maintenant, j’entends les gens dire que je rajeunis. Dans ce milieu, les opinions changent rapidement, du mépris aux éloges…
La victoire avec Laris au Bouscat a donné lieu à une petite “blague du premier avril” en annonçant que vous aviez atteint le cap des 3 000 victoires.
Les membres de mon fan-club m’avaient dit qu’il restait encore quelques victoires avant d’y arriver, mais sur le champ de courses, ils avaient un autre décompte. Je leur ai fait confiance. Sincèrement, ça n’a pas beaucoup d’importance, comme je l’ai dit précédemment.
On sent toujours votre envie présente. Alors, qu’est-ce qui cloche ?
Je ne sais pas. Peut-être que certains entraîneurs n’ont pas apprécié certains commentaires que j’ai faits sur leurs chevaux. Mais si les chevaux ne sont pas dans leur catégorie et n’ont pas le niveau, je ne vais pas leur dire que tout va bien. Je ne le fais pas pour me dédouaner, mais au contraire pour que l’entraîneur prenne la bonne décision. Quand on monte beaucoup de chevaux, on peut éventuellement se permettre de dire que tout va bien, même si ce n’est pas le cas. Moi, avec les rares chevaux que je monte, je préfère qu’ils soient compétitifs la prochaine fois. Alors je suis franc et cette franchise est parfois perçue comme une critique, ce qui n’est pas mon intention.
Le Peslier qui guidait les chevaux vers leurs objectifs de la saison a disparu ?
Désormais, quand je fais un déplacement, souvent pour une seule monte, ce n’est pas juste pour faire le tour de la piste. Je suis là pour gagner. Bien sûr, je peux encore préparer un cheval pour l’avenir. Mais malheureusement, j’ai l’expérience d’avoir fait cela et de ne pas avoir été associé au cheval ensuite. Donc cela donne l’impression que je n’étais pas “motivé” lors des courses de préparation et qu’il a suffi de changer de jockey pour que le cheval retrouve ses performances. Et puis cela diminue les statistiques sacrées (sourire amer). Il y a des entraîneurs qui accordent beaucoup d’importance à ces données. Ils oublient que parfois, on monte des chevaux par fidélité à des clients en sachant qu’ils n’ont aucune chance. Mais il vaut mieux dire que le jockey a de mauvaises statistiques que d’admettre qu’on s’est trompé dans la préparation du cheval…
Si l’on ne se fie pas aux statistiques, est-ce que cela signifie que les jockeys sont interchangeables ?
Oh non, le jockey peut faire la différence ! D’ailleurs, même dans une course, il vaut mieux se placer derrière un bon jockey. Vous savez qu’il va faire ce que vous auriez fait avec son cheval. Il vous emmènera là où vous avez prévu d’aller. J’ai remporté la Japan Cup en me plaçant derrière (Yutaka) Take, il m’a amené la victoire sur un plateau (sourire). Au contraire, il y a des jockeys derrière lesquels il est judicieux de ne pas se placer.
On voit que Gérald Mossé a prolongé sa carrière d’une année, que Frankie Dettori a finalement renoncé à prendre sa re