Vendredi à Riyad en Arabie Saoudite, Maryline Eon représentera la France dans le Challenge International des Jockeys. Pour ParisTurf, la jeune femme âgée de 29 ans évoque cette expérience qui l’attend ainsi que sa situation et ses objectifs pour cette année 2024.

ParisTurf : Comment avez-vous été invitée à participer à la réunion de la Saudi Cup ?

Maryline Eon : Depuis quelques années, les femmes jockeys figurant en tête du classement (de chaque nation hippique majeure) sont appelées à participer à ce Challenge International des Jockeys. Pour la France, des jockeys comme Marie Vélon, Delphine Santiago, Coralie Pacaut, Mickaëlle Michel ont été sélectionnées. Cette année, j’ai été contactée par les autorités hippiques saoudiennes pour représenter le pays.

Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

C’est formidable, surtout pendant le week-end de la Saudi Cup (groupe I qui a lieu le lendemain). C’est une consécration par rapport à tout ce que j’ai donné chaque année dans mon métier, car pour être honnête, le plus difficile est de durer, surtout en tant que femme. Certaines ont été en haut du classement (féminin) et on ne les a pas revues par la suite. J’approche de mes 30 ans, cela fait 15 ans que je fais ce métier, en réalisant des années régulières en restant dans les 4 premières positions, donc cette invitation est une belle récompense. Les autres filles m’en ont parlé, c’est une expérience à vivre et cela permet de nous faire connaître. Elles m’ont dit que nous sommes très bien pris en charge, que l’endroit est magnifique, que nous avons la chance de côtoyer de grands jockeys. De plus, en course, le dirt sera une nouveauté. C’est une surface différente, avec d’autres tactiques de course. J’ai l’impression qu’il faut des chevaux très durs, capables d’aller jusqu’au bout.

Ce sera votre premier championnat à l’étranger ?

Mon troisième. J’en ai disputé deux en Suède à Bro Park (à 40 km de Stockholm). C’était le championnat du monde (en 2017) réservé aux femmes jockeys et lors de ma première participation, j’ai gagné grâce à deux victoires et trois accessits (sur 5 courses). L’année suivante, ils m’ont rappelée pour remettre mon titre en jeu mais, malheureusement, je n’ai pas intégré le podium.

Parlez-nous de votre situation en tant que jockey en France…

Je suis freelance depuis deux ans (auparavant, j’étais employée chez Alain Couétil) et depuis que je fonctionne ainsi, j’ai réalisé mes meilleures années en termes de gains. J’ai déjà fait une saison avec 61 victoires, mais je n’ai pas dépassé le million d’euros (de gains) et avec mon agent, Michel Chartier, nous avions convenu de monter beaucoup plus dans les réunions PMU. La première année (en 2022), j’ai gagné 1,430 million d’euros, donc ce sont de très belles saisons. Maintenant, je ne cours plus vraiment après la Cravache d’Or, car c’est difficile lorsque l’on n’a pas de clients réguliers. Tant que je fais ma cinquantaine de victoires, comme c’est le cas depuis de nombreuses années et que je dépasse le million d’euros, je suis ravie.

Vous n’êtes plus employée chez Alain Couétil, mais vous montez souvent pour lui, n’est-ce pas ?

Il me demande très souvent de monter ses chevaux à l’entraînement, car je les connais très bien. Il a ses jockeys attitrés, mais comme nous nous entendons très bien, cela ne me dérange pas d’aller monter ses pensionnaires. Je monte beaucoup pour Christophe Lotoux, qui est fidèle depuis de nombreuses années, il m’a fait gagner des courses de listed, des Quinté+. Il y a aussi Henri-François Devin, qui m’a fait gagner pour de belles écuries, Elisabeth Bernard, Adrien Fouassier, M. Couétil pour ne citer qu’eux.

Quels sont vos objectifs pour 2024 ?

Si nous pouvions atteindre les 500 victoires, ce serait très satisfaisant (j’en compte 453 à ce jour dont 21 en obstacle). Il me reste 47 victoires à obtenir. Mon début d’année est bon avec 8 victoires (pour une quarantaine de partants). Quant aux courses principales (listed et groupe), si l’occasion se présente avec un bon cheval et un entourage qui me sollicite, tant mieux, mais je ne cours pas après. Le plus important pour moi, c’est de conserver les entourages qui me font confiance. Je pars du principe que mon nom est fait. Je ne me pose plus trop de questions à ce sujet, c’est d’ailleurs ce qui fait peut-être ma force. Quand je gagne un handicap ou un réclamer, je suis tout aussi contente.

Enfin, quels seront vos chevaux à suivre pour les prochaines semaines ?

Je pense que Kerdina (4 ans) peut remporter une course sur longue distance si elle reste en forme. Zippere (7 ans) est à suivre, elle fait toujours ses courses. Normalement, je devrais monter Passalito à Cagnes lundi (26 février). Il a remporté une course qui a servi de support au quinté (le 31 janvier en raison d’un manque de partants en obstacle), mais sans l’allocation d’une course événement. Aurions-nous gagné si l’allocation avait été celle d’un quinté ? Enfin, Salocin (7 ans) est un bon cheval qui devrait viser le Défi du Galop (L.), mais pour le moment il est au repos.

Zoom sur le Championnat de la Saudi Cup
Vendredi à Riyad en Arabie Saoudite, la veille de la prestigieuse réunion de la Saudi Cup (20 millions de dollars en allocations) aura lieu le convoité “International Jockey Challenge”, réunissant des jockeys venus du monde entier, avec le principe suivant : 14 jockeys sont sélectionnées. Sept femmes et sept hommes vont s’affronter en course (deux sur gazon, et deux sur le dirt) sur 1.600, 1.400, 1.200 et 2.100 mètres dans quatre handicaps richement dotés. Cette