Si la France a toujours été une scène de compétition privilégiée pour Erik Bondo, l’homme d’Abano As (gagnant du Prix d’Amérique 2003) y connaît une réussite de plus en plus constante depuis trois ans. En 2022, le Danois a franchi pour la première fois la barre du million d’euros sur notre sol, avant de signer une année record en 2023 avec 1 165 340 € de gains. Une saison durant laquelle il a également établi son record de succès (35).

Basé à Soulitré (Sarthe), le sexagénaire est largement en avance sur ses performances de l’année dernière. Au 14 mai, il affiche 688 690 € de gains, contre 312 260 € à la même période l’an passé. Des résultats qui le placent à la dix-septième place au classement des entraîneurs en France. En termes de succès, il a enregistré le double de victoires (16 contre 8) sur la même période. Il est évident qu’il se dirige vers une nouvelle saison record. “Je l’espère”, déclare-t-il lorsque les chiffres sont évoqués. “En tout cas, nous travaillons pour cela.” Une belle performance étant donné qu’il partage également son temps avec sa scuderia basée à Milan (composée de 40 éléments), ce qui n’est pas facile. Pour expliquer les secrets de son succès, il se montre très factuel. Il n’est pas du genre à se mettre en avant.

“Comparé à l’année dernière, mon écurie est passée de 20 à 40 chevaux en France. C’est quand même 20 éléments de plus. De plus, ils disposent de ressources.” Bien que son effectif soit principalement cosmopolite, avec de nombreux transalpins, les Dayak, Destino Dj, Bitcoind’Arc, Belzebu’jet, Cash Bank Bigi, Cobra Killer Gar et autres ont rejoint l’écurie il y a un an, voire moins. Des compétiteurs qui n’ont pas manqué de briller en région parisienne. “Avec eux, l’élaboration du programme est beaucoup plus simple qu’en Italie”, explique-t-il. “Je sais quand aura lieu la course, ce qui n’est pas le cas de l’autre côté des Alpes. Il y a des centaines de trotteurs engagés.

Et je ne sais pas si mon cheval va rester sur la liste. Ici, je peux les travailler avec sérénité car j’ai la certitude qu’ils vont courir. Je ne vous cache pas que je m’amuse beaucoup à faire les engagements, à repérer les courses pour tel ou tel cheval (rires). Ce que je veux, c’est viser juste.” Et c’est peu dire… En effet, le taux de réussite de ses protégés à l’arrivée culminait à 43 % en 2023, 40 % en 2022, 47 % en 2021 et 50 % en 2020 (44 % depuis le 1er janvier 2024) ! Afin de mettre tous les atouts de son côté, il fait appel aux meilleurs drivers du peloton (Gelormini, Lagadeuc…). “Je suis content car bon nombre de mes chevaux ont été à l’honneur ces derniers temps. Et moi, je continue d’évoluer, de grandir en France. C’est ce qui me plaît, même si ce n’est pas facile tous les jours.”

Gage de réussite, Bondo est l’un des noms de référence en France pour les propriétaires étrangers qui n’hésitent pas à placer leurs chevaux sous sa tutelle. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si les anciens Malmqvist, les suédois Coquaholy et Bordeaux S. et le danois Eric The Eel ont récemment rejoint ses écuries. En revanche, il regrette de ne pas avoir de propriétaires français. “J’espère que mes résultats pourront contribuer en ce sens. Il est également important d’avoir à la base de l’écurie des trotteurs français car leur généalogie les rend compétitifs pour les courses ici.” Depuis la génération des I, les investissements se développent sur les origines FR (Iggy du Loisir, Kraken Castelets, Kool And The Gang…), sous pavillons de propriétaires italiens, scandinaves. Actuellement, dans la génération des L, il compte “trois éléments” chez les tricolores. “Je fonde des espoirs en La Fée du Noyer (Face Time Bourbon), qui a gagné à Vincennes. Chez les M, je compte sur Mohawk, qui a été acquis aux ventes. Il est très bien né. C’est un fils de Love You et de Mahana. Il dévoile des moyens.”

Prochainement, un défi à l’étranger pourrait s’ouvrir. “Charly Charmy As est invité à la Sweden Cup lors du week-end de l’Elitloppet. Et Eric The Eel pourrait de son côté disputer le Harper Hanovers (il est le tenant du titre). Mais rien n’est encore décidé.” En attendant, Erik Bondo sera très bien représenté lors de la réunion de mercredi à Vincennes. “Nous espérons gagner une course”, déclare-t-il. L’estimé Cobra Killer Gar sera à l’affiche. Est-ce le fer de lance de l’écurie ? “Je ne peux pas l’affirmer car il a encore des choses à prouver. Mais il est vrai qu’il reste sur trois victoires et qu’il continue de progresser”, conclut-il.