Kylian Mbappé a été nommé capitaine de l’équipe de France par Didier Deschamps après la Coupe du Monde, mais il n’a pas réussi à répondre aux attentes du brassard. Le duo a rencontré des difficultés et a glorifié un football peu ambitieux, heureusement battu par l’Espagne.
Pour Didier Deschamps, la victoire est la seule chose qui compte, même lorsqu’elle est obtenue de manière peu glorieuse. Un trophée est comme une ligne sur son CV, même si regarder les matchs des Bleus est un supplice. Mais lorsque la victoire n’est pas au rendez-vous et qu’il n’y a même pas de regrets pour cacher la misère du football proposé depuis des années, que reste-t-il ?

Un ennui mortel
L’entraîneur a poussé l’ennui à l’extrême, alignant 7 joueurs défensifs au coup d’envoi et ne dérogeant jamais à son mantra de “bien équilibré, bien positionné et prier pour un but”. Le match entre la France et l’Espagne a peut-être été suivi par 16,1 millions de téléspectateurs, mais l’Euro n’a pas été un succès : l’équipe nationale française a perdu 5 millions de supporters entre les éditions de 2021 et 2024, passant d’environ 15 millions à 10 millions de téléspectateurs, et le contexte politique tendu des dernières semaines ne peut, à lui seul, servir d’excuse. Deschamps a osé dire à un journaliste suédois, avant la demi-finale, que s’il s’ennuyait, il n’avait qu’à ne pas regarder. Mais qui, dans le football français, tolérerait une telle déclaration ?
En fin de compte, il s’agit d’une ligne défensive, souvent prémonitoire. Deschamps n’a rien compris. La Coupe du Monde 2022 n’a pas été plus brillante que cet Euro, mais les Bleus l’ont franchie grâce à une série de petits miracles contre l’Angleterre et le Maroc. Si Nico Otamendi avait joué prudemment, au lieu de prendre un risque superflu qui lui a coûté un penalty, la France serait arrivée en finale comme une ombre, chancelante du début à la fin et remise en jeu par la grâce d’un défenseur présomptueux et non par une quelconque solution de jeu.
Une finale, une demi-finale : beaucoup de nations signeraient pour un tel palmarès. Mais il y a le résultat brut et la manière. Dès avant le début du tournoi, Deschamps a perdu certains de ses joueurs, notamment au milieu de terrain, en appelant N’Golo Kanté. Si le retour de l’ancien joueur de Chelsea a fonctionné contre l’Autriche et les Pays-Bas, bien que préoccupant que chaque fois un milieu défensif se soit distingué, ce qui n’est jamais bon signe, le reste a été beaucoup plus problématique, non seulement parce que Kanté a sombré physiquement, mais aussi parce qu’il est devenu la principale option offensive pour faire le lien avec une attaque qui ne s’est jamais trouvée. Le coup de maître tactique de Deschamps a donc été de ramener un numéro 6… Accablant.
Mbappé : le totem de l’immunité
Deschamps a tout changé, tout le temps… sauf Kylian Mbappé. Le nez cassé en fin de partie contre l’Autriche a contribué à la mauvaise passe de la star française, mais les jambes et la tête n’étaient tout simplement pas à la hauteur de la tâche, comme c’est souvent le cas lorsque les choses se compliquent. Et tandis qu’Antoine Griezmann a été privé du brassard auquel il avait droit parce qu’il a, après tout, moins d’ego que Mbappé, puis déplacé à plusieurs postes parce qu’il a, après tout, une culture tactique suffisante pour être toujours présent, avant d’être complètement déplacé sur le banc parce qu’il était, après tout, épuisé, Deschamps n’a pas traité le numéro 10 de la France de la même manière.
Mbappé n’a pas donné l’exemple, ni par son comportement, ni par sa façon de jouer. Comment expliquer qu’un joueur soit dispensé des tâches défensives alors qu’il n’est pas capable de faire la différence ? Comment expliquer que toute l’organisation tactique d’une équipe repose sur la compensation de l’absence de volonté de se positionner ? Même au centre du terrain, Mbappé ne déclenche aucune pression, et si Álvaro Morata n’est pas un monument d’habileté depuis le début de la compétition, il a au moins le mérite de se démarquer pour ses coéquipiers et de contribuer aux relais, notamment dans le jeu de passes. Son engagement est indéniable, ce qui n’est pas le cas de son homologue français.
À la star, on pardonne tout… tant qu’elle garantit la victoire. Dans ce cas, le traitement préférentiel de Deschamps a été flagrant, y compris lorsque Mbappé lui a dit, à la mi-temps de la prolongation, qu’il ne continuerait pas car il était trop fatigué. Fatigué de quoi, c’est une autre question. De l’autre côté du terrain, Pepe, 41 ans, a joué 120 minutes contre la Slovénie en huitième de finale et est sorti à la 117ème minute contre la France en quart de finale, et Cristiano Ronaldo, 39 ans, a disputé les 5 matchs de la Seleção. Et quel genre de capitaine se défile 15 minutes avant une séance de tirs au but, alors qu’il est le tireur de pénalty habituel de son équipe ? “Quand le jeu devient difficile, les durs deviennent bons”, disait feu Gianluca Vialli. Mbappé s’est défilé et, malheureusement pour lui, c’est un fait.
Après la défaite contre la Roja, Marcel Desailly est entré en frénésie sur BeIN Sports, affirmant que cette grande opportunité à la 86ème minute était un tir digne du Ballon d’Or, du genre qui pourrait remporter le trophée tant convoité, le même trophée dont Mbappé rêve tout haut depuis le début de sa carrière. Mais quand la technique ne suit pas le rythme, les espoirs s’effondrent, tout comme le ballon. Cette impunité ne peut être que fatale.
Deschamps, par conviction ou par omission ?
À partir de là, la question de la continuité de Deschamps, sous contrat jusqu’en 2026, reste en suspens. Les Bleus ont couru moins que l’Espagne. Physiquement, ils se sont effondrés. Tactiquement, même le Titanic s’est enfoncé plus lentement. Offensivement, Nothing Gulch ressemblait à Manhattan à l’heure de pointe. Mais le problème est plus global que l’entraîneur. C’est une question de formation, non seulement des joueurs mais aussi des entraîneurs.
Actuellement, un seul nom se distingue comme possible successeur de Deschamps : Zinedine Zidane. Il s’agit d’un entraîneur qui n’a jamais entraîné d’autre club que le Real Madrid, où il a été nommé principalement en raison de sa réputation. Là aussi, il a obtenu des résultats, mais en ce qui concerne la manière de jouer, d’utiliser et de développer les jeunes joueurs ? Il est sans club depuis trois ans. En attendant les Bleus, ou simplement parce qu’il ne parvient pas à convaincre une direction de l’accepter ? Et, en dehors de cette figure tutélaire, il n’y a pratiquement personne, à part Thierry Henry, qui puisse servir de concurrent.
La liste est maigre et confirme ce qui est vrai depuis de nombreuses années : les entraîneurs français ne sont pas attractifs, tout simplement parce qu’ils font mal jouer leurs équipes. De toute façon, le président de la fédération, Philippe Diallo, n’a pas eu besoin de 24 heures pour confirmer Deschamps à son poste, car “les objectifs ont été atteints”. Si les objectifs ont été atteints, alors… Perdre un tiers des téléspectateurs, marquer un seul but en 6 matchs, proposer le programme de football le plus restrictif pour dégoûter joueurs et supporters : un grand succès, sans doute.
QI footballistique trop bas
Il en va de même pour les joueurs. Griezmann n’est pas français et reste, de loin, le joueur le plus créatif des Bleus. Il n’y a eu qu’un seul joueur de son calibre dans cet Euro, Eduardo Camavinga, qui a également joué à tous les postes en club et en sélection, mais jamais au sien, celui de relayeur capable de diriger le jeu à un niveau supérieur. De plus, comment expliquer qu’après la finale de la Ligue des Champions, il ait pu reculer derrière Adrien Rabiot, victime de fatigue musculaire en fin de saison, et Aurélien Tchouaméni, blessé depuis un mois, sans rythme et assez neutre devant la défense, alors qu’il est titulaire au Real Madrid, précisément devant Tchouaméni ?
Cette liste et ces choix sont de la responsabilité de Deschamps. Deux joueurs créatifs du côté français et combien du côté espagnol, même sans Pedri ? Lamine Yamal est un petit prodige en termes d’accélération et de dribbles, mais aussi, et surtout